Spiritualité de l'Enfance Spirituelle

La spiritualité de notre congrégation carmélitaine, est celle de l’Enfance Spirituelle. Nous désirons modeler notre vie intérieure sur la très Sainte Personne de l’Enfant Jésus. Nous cherchons  à Le suivre en marchant dans la voie de la divine enfance, selon l’esprit de l’Évangile. C’est Jésus Lui-même qui est aux fondements de cette voie, explicitée par la Petite Thérèse.

Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face, patronne de notre Congrégation, nous montre par sa vie et ses écrits un chemin de sainteté qui est « la petite voie de l’enfance spirituelle ». Ce chemin consiste à vivre dans une infinie confiance et un abandon total entre les mains du Père – comme Jésus, de la Crèche à la Croix.

« L’enfance spirituelle, qui a sa source dans celle de Jésus, ne s’exprime pas tant dans les paroles ou des sentiments du cœur, que dans l’humilité et le sacrifice, dans la simplicité des pensées et l’apostolat de la joie parmi les petits de ce monde […] tandis que la Face ensanglantée du Christ est un encouragement au sacrifice quotidien. » (Constitutions)

Être enfant de Dieu, c’est vivre dans la simplicité et l’humilité envers notre Père du Ciel, accepter la réalité de sa faiblesse et s’offrir à Dieu tels que nous sommes pour qu’il agisse en nous. De l’accueil de son amour infini jaillit la joie qui rayonne sur ceux qui nous sont confiés.

Notre charisme est d’unir prière contemplative et apostolat dans un seul élan de vie. La prière ainsi que l’esprit d’ascèse nous conduit à l’union à Dieu et nos apostolats ont pour principal but de guider les âmes vers Dieu et leur propre salut.

A la suite de la Vierge, avec les saints du Carmel, et à l’exemple de Saint Joseph, père adoptif de l’Enfant Jésus, nous protégeons l’esprit de silence et l’écoute du Verbe Incarné. Le scapulaire de Notre-Dame du Mont Carmel, que nous revêtons, exprime notre attachement filial et notre profonde affection envers la Très Sainte Vierge Marie, Mère et et Reine du Carmel.

La devise de notre Congrégation est la phrase de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus : « Je veux passer mon ciel à faire du bien sur la terre ».

« Je désire être sainte, mais je sens mon impuissance, et je vous demande, ô mon Dieu ! d’être vous-même ma sainteté ! »
Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus

Tous les 25 du mois, les Sœurs prient la Petite Couronne en méditant les 12 mystères de l’enfance de Jésus. Chaque mystère approfondit une attitude spirituelle particulière. Ainsi, en s’adonnant à l’exercice surnaturel qu’offre ce chemin, les Sœurs s’enracinent et grandissent dans la voie de la sainteté.

Qu’en est-il de l’Enfant-Jésus en France ?

C’est en 1630, à Beaune (Bourgogne), ville des Hospices au service des plus pauvres, et ville de longue tradition religieuse, qu’une jeune carmélite, Sœur Marguerite du Saint-Sacrement, noue une relation privilégiée avec l’Enfant Jésus qui s’adresse réellement à elle et lui demande de « faire connaître au monde les trésors de Son enfance ». En 1636, le Christ lui demande de fonder une famille spirituelle, la Famille de l’Enfant-Jésus : « puise dans les trésors de mon enfance et rien ne te sera refusé ».

En 1637 l’Enfant-Jésus demande à Sœur Marguerite de prier pour l’obtention d’un héritier au trône de France. Avant même que la reine ne le sache, Sœur Marguerite annonce pour l’année suivante la naissance du dauphin Louis Dieudonné, qui deviendra Louis XIV.

La dévotion à l’Enfant-Jésus de Beaune acquiert un grand rayonnement. Parmi les membres de la Famille, Gaston de Renty, grand personnage de l’état, offre en 1643 la statue de bois de l’Enfant-Jésus, le « Roi de Grâce ». C’est le trésor caché de Beaune. On ne compte plus jusqu’à nos jours les témoignages de reconnaissance laissés par ceux qui ont vu leurs demandes exaucées.

En 2014, Mgr Minnerath, archevêque de Dijon, érige l’ancien carmel de Beaune en sanctuaire diocésain. Autour du culte de l’Enfant-Jésus, le Sanctuaire a pour mission de promouvoir une spiritualité de l’enfance et une pastorale de la famille.

D’où provient la statue de l’Enfant Jésus de Prague ?

Origines : alors que c’est à Prague qu’elle devint le support de l’expansion de la dévotion envers l’enfance de Jésus, la statuette serait en réalité originaire d’Espagne. Elle serait l’œuvre d’un moine qui l’a sculptée sur l’ordre de Jésus et elle aurait appartenu à sainte Thérèse d’Avila, laquelle l’aurait transmise à une amie, Maria Maximiliena Manrique de Lara y Mendoza, dame d’honneur de l’impératrice née Marie d’Espagne. C’est sa fille, Polyxène de Pernstein, princesse de Lobkowicz, qui l’aurait rapportée à Prague.

L’église Sainte-Marie-de-la-Victoire où se trouve la statuette, s’appelait auparavant église de la Sainte Trinité. Elle fut donnée par l’empereur Ferdinand II du Saint-Empire et le conseil municipal de Prague aux Pères carmes qui s’étaient installés dans la ville à partir du 22 septembre 1624. Durant une bataille des armées catholiques impériales contre les Protestants, le Père Dominique, un carme envoyé par le pape Paul V à la demande de l’empereur Ferdinand II, avait mis en évidence une image pieuse abîmée par les troupes protestantes afin d’encourager le zèle des Impériaux.

Par reconnaissance, l’empereur Ferdinand II installa les Carmes à Prague en 1624, et ceux-ci apportèrent avec eux la dévotion à l’enfance de Jésus. Tant qu’il était à Prague, l’empereur veilla au bien-être matériel des Carmes mais la situation devint plus difficile après son départ. C’est dans ce contexte que la statuette est offerte par Polyxène de Pernstein, au couvent des Carmélites de Prague en 1628, année de la mort de son époux, généralissime des armées impériales qui avait pris part à la bataille contre les Protestants.

Développement de la dévotion à l’enfance de Jésus : La statuette servit dès lors de support à la dévotion des Carmes envers l’enfance du Christ qui acquit rapidement la réputation d’être très riche en grâces. Mais les vicissitudes de la guerre de Trente Ans provoquèrent le retour des troupes protestantes en 1631. La statue eut alors les mains brisées par les “prédicants”, et fut oubliée durant quelques années.

En 1637, le père Cyrille de la Mère de Dieu revint à Prague. Il obtint du prieur la permission de réinstaller la statue dans un oratoire. Le prieur refusa en revanche de faire réparer les mains de la statuette car la réparation était trop coûteuse. Un ancien commissaire général de l’administration impériale, Daniel Wolf, accepta de prendre à ses frais la réparation alors même qu’il connaissait une situation financière tendue. À peine réparée, la statue fut à nouveau abîmée, et le même Daniel Wolf se proposa une nouvelle fois. Sitôt arrivé chez lui avec la statue, il se vit remettre par l’administration impériale une somme importante qu’il attendait depuis fort longtemps.

De nombreux faits miraculeux encouragèrent à nouveau la dévotion envers l’enfance de Jésus à travers la statue et celle-ci acquit une nouvelle réputation.

Le 14 janvier 1644, fête du Saint Nom de Jésus, fut inaugurée une nouvelle chapelle conçue pour abriter la statue.

La dévotion ne cessa alors de s’amplifier et la statue reçut la visite de Ferdinand III ou encore du comte Philippe de Mansfeld. Arrivés à Prague le 26 juillet 1648, les troupes suédoises furent frappées par la ferveur de la dévotion entourant la statue. En 1655, en signe d’hommage, le comte Bernard de Martinitz, grand marquis de Bohême, offrit une couronne d’or à l’Enfant-Jésus.

Le 19 mars 1655, une nouvelle chapelle fut achevée et inaugurée. Le développement de la dévotion envers l’Enfant-Jésus de Prague devait beaucoup au père Cyrille de la Mère de Dieu : celui-ci mourut le 4 février 1675, sans que la dévotion ne s’éteigne pour autant.

Un nouveau supérieur, le Père Emmeric, publia en 1737 un ouvrage retraçant l’historique de la statuette, de la dévotion dont elle est le support et des miracles qui l’accompagnent, intitulé Du grand et du petit monde de Prague.

Le 13 janvier 1741, la statue fut solennellement placée au-dessus du nouvel autel latéral, plus grand, construit à droite de la chaire.

Le pèlerinage continua à s’épanouir jusqu’à l’arrivée du joséphisme à Prague. Ce mouvement, initié par l’empereur Joseph II du Saint-Empire, entraîna la fermeture de soixante-dix églises, chapelles et couvents à Prague, dont le couvent des Carmes qui fut transformé en gymnase public.

Nouveau déploiement du pèlerinage à partir de 1878 À partir de 1878, l’église fut toutefois restaurée et un nouvel autel mis en place. Le cardinal Kaspararchevêque de Prague encouragea la renaissance de la dévotion à l’Enfant-Jésus à Prague même.

L’ère communiste entoura de silence l’Enfant-Jésus de Prague mais sa dévotion se poursuivit ailleurs en Europe et dans le monde. Depuis la chute du rideau de fer, la statuette reçoit à nouveau la visite de nombreux pèlerins et touristes.

Lors du voyage qu’il effectua en République tchèque en septembre 2009, le pape Benoît XVI se recueillit ainsi aux pieds de la statue le 28 septembre.

La dévotion à l’Enfant-Jésus de Prague à travers le monde En raison de l’histoire tourmentée de Prague, la dévotion à l’Enfant-Jésus tomba plusieurs fois dans l’oubli. La vénération de l’effigie et, à travers elle, de l’enfance de Jésus, s’était toutefois répandue en Europe puis dans le monde. Pour cette raison, on peut trouver de nombreuses statues de l’Enfant Jésus dans divers lieux de culte catholiques.